
Khalifa Sall, sur un terrain glissant face à l'imminence du déguerpissement
Depuis plus d’une dizaine d’années, à Dakar, l’encombrement, l'engorgement et l’occupation irrégulière de la voie publique est un problème qui refait surface de façon épisodique. Voilà, le nouveau maire de Dakar Khalifa Sall, qui remet sur la table la question du désengorgement de la capitale sénégalaise. Une mesure salutaire à plus d’un titre pour plusieurs raisons, mais qui avait occasionné en novembre 2007 de violentes émeutes et affrontements entre marchands ambulants et policiers dans Dakar poussant l’Etat du Sénégal à opérer à un recul historique. Un test grandeur nature pour Khalifa Sall qui marche sur un terrain.
En novembre 2007, le gouvernement sénégalais tente de mettre un peu d’ordre dans la capitale, entreprenant un vaste plan de désencombrement de la ville. Une opération qui échouera une semaine après, débouchant sur des affrontements entre marchands ambulants et forces de l’ordre, des émeutes qui finir par s’étendre jusqu’à la périphérie de la ville. Un échec cuisant qui fit d’ailleurs reculer l’Etat sur sa décision de déguerpir, pourtant, des occupants irréguliers de la voie publique.
Le nouveau maire Babacar Khalifa Sall hérite d’une situation compliquée. Car, circuler à Dakar à bord de son véhicule s’avère un exercice difficile car la chaussée et de ses abords sont occupés par de marchands, des mendiants, bref par des commerces de tout genre. Le maire nouvel édile de Dakar entreprend ici, un vaste chantier. Désencombrer Dakar, c’est mettre un terme à l’occupation irrégulière rendre la circulation fluide. Dakar est très congestionnée et encombrante en matière de circulation routière. Les automobilistes souffrent le martyre malgré les nouvelles infrastructures routières construites ces dernières années. Et, le désengorgement est d’autant plus imminent que l’ampleur des problèmes observés dans Dakar et de sa banlieue, notamment la détérioration de la chaussée, les nids de poule au niveau de certaines voiries, la dégradation de l’éclairage publique augmente de jour en jour. D’où, la nécessité de penser à une optique menant à l'adoption d'une nouvelle politique de désengorgement et de déguerpissement des occupants de la voie publique.
Cependant, Khalifa Sall voit se dresser devant lui, une force non négligeable, un potentiel électorat –surtout avec l’échéance des élections de 2012- que sont les marchands ambulants qui s’organise pour mieux barrer la route à quiconque tente de les déguerpir. Lors de leur assemblée générale du mercredi dernier, le regroupement national des jeunes marchands Ambulants a brandi la menace de faire une riposte mouvementée si Babacar Khalifa Sall, ne les invite pas à la concertation sur sa décision de les déguerpir. Certains politiques de Benno Siggil Sénégal parlent d’une manipulation des marchands ambulants par des hommes du pouvoir. Mais les marchands balaient d’un revers de main toutes ces allégations et affirment vouloir défendre eux même leurs propres intérêts. Les observateurs avertis pensent que le nouveau maire risque de se casser les dents. Au bout de six mois à la tête de la mairie, il a son tout premier test grandeur nature à passer. En réalité, disent les marchands ambulants, les politiques craignent de s’attirer la foudre des populations, alors que l’heure est à une grande offensive en vue de gagner la présidentielle de 2012.
Comment Khalifa Sall, pourra t-il mener à bien une telle entreprise ? En tout cas, dans l’intérêt public général, le déguerpissement de ces marchands ambulants est imminent. Il reste à savoir si cette fois, l’autorité publique incarnée par Khalifa Sall réussira là où l’Etat a essuyé un revers en 2007. Le nouvel édile de Dakar est face à un dilemme, une énigme difficile à résoudre, il marche sur un terrain glissant.
Rokhaya THIAM
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