La région soudanaise du Darfour n'est plus en guerre et seul un mouvement rebelle y est encore capable de lancer des offensives militaires limitées, affirme le commandant de la Minuad, Martin Luther Agwai.
Cette assertion a rapidement été démentie par les rebelles darfouris qui ont parlé de "calme avant la tempête" et ont assuré vouloir lancer prochainement de nouvelles attaques contre les forces gouvernementales soudanaises.
Selon le commandant de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad), Martin Luther Agwai, le conflit se réduit désormais à des combats "de faible intensité" et à des actes de banditisme.
Des incidents pourraient toutefois affecter pendant des années cette région occidentale du Soudan, en proie à la guerre civile depuis 2003, si aucun accord de paix n'est trouvé, a-t-il dit à la presse à Khartoum. "Aujourd'hui, je ne dirais pas qu'une guerre est en cours au Darfour.
"Militairement, il n'y pas grand chose. Désormais, il y a plutôt des problèmes de sécurité. Banditisme, problèmes localisés, des gens qui essaient de résoudre des problèmes touchant à l'eau ou aux terres à un niveau local. Mais je pense que nous avons passé le stade d'une vraie guerre en tant que telle", a-t-il ajouté.
Les propos de Martin Luther Agwai, chef de la force internationale de maintien de la paix depuis deux ans, un poste qu'il doit quitter jeudi, font écho à ceux du représentant spécial de l'Onu au Darfour, Rodolphe Adada.
En avril dernier, celui-ci avait estimé que la région de l'Ouest soudanais était désormais en proie à un "conflit de faible intensité", ce qui avait provoqué la colère de plusieurs diplomates et des militants occidentaux de la cause darfourie.
MANQUE DE TROUPES
Selon Agwai, la relative accalmie est due notamment aux divisions apparues dans les mouvements rebelles.
"En raison de la fragmentation des groupes rebelles, je ne vois rien d'important se produire", a-t-il dit.
"A l'exception du JEM (Mouvement pour la justice et l'égalité), je ne vois pas d'autre groupe qui puisse lancer une attaque sur le terrain."
Même le JEM, auteur l'année dernière d'une offensive sans précédent dans la capitale soudanaise, est encore capable de mener des assauts sporadiques mais plus de reprendre des territoires entiers, selon Martin Luther Agwai.
Ce mouvement rebelle a affronté l'armée soudanaise à de multiples reprises au cours des derniers mois, notamment à Muhajiriya, ville stratégique du Sud-Darfour, et Umm Baru, près de la frontière tchadienne.
A chaque fois, les insurgés se sont retirés pour épargner des frappes aériennes aux populations locales.
Le chef du JEM, Khalil Ibrahim, a déclaré jeudi à Reuters que le Darfour connaissait effectivement une période de tranquillité mais que c'était "le calme avant la tempête".
"Dans les prochains jours, il (Agwai) va comprendre qu'il a tort. C'est juste un politicien qui ment pour faire croire qu'il a remporté un succès au Darfour", a-t-il dit.
Durant ses deux ans au commandement de la Minuad, Agwai a souvent déploré la lenteur du déploiement des troupes et des équipements promis à la Minuad.
Fin juin, environ 60% des 26.000 hommes qu'elle devait compter initialement se trouvaient au Darfour, une région de la superficie de la France. Les Nations unies espèrent atteindre 90% des effectifs d'ici la fin de l'année.
La guerre au Darfour oppose depuis 2003 les troupes régulières et des milices pro-gouvernementales aux rebelles qui ont pris les armes pour être mieux représentés et dénoncer l'absence d'aide au développement de leur région.
Le conflit a fait entre 10.000 morts selon Khartoum et 300.000 selon l'Onu. Les organisations humanitaires estiment que 2,7 millions de personnes ont dû abandonner leurs habitations pour fuir les combats.
Source Yahoo.fr par Grégory Blachier et Guy Kerivel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire