mardi 10 avril 2018

Le risque Idrissa Seck président


En pole position face à Macky en 2019
Le risque Idrissa Seck président



Ah Idrissa! Comment, actuellement, ne pas parler de lui en abordant la politique au Sénégal !  Stratège ou bon comédien? Bon communicateur, ça au moins c'est sûr. Son opération de communication se déroule comme sur des roulettes. A chacune de ses sorties bien calibrées, il fait parler de lui à travers des formules dont lui seul connaît le secret, des infos ou pseudos révélations distillées publiquement sur des airs d'un repenti, un homme apaisé, pardonneur et tempéré...



Idrissa Seck, parti Rewmi


Bref, Idy se sent vraiment bien dans ses nouveaux habits de leader de l'opposition taillés sur mesure par Macky Sall qui, en éliminant Khalifa Sall et Karim Wade lui a balisé le terrain.  

En 2019, avec la condamnation de Khalifa Sall, une nouvelle donne dans le champ politique, Idrissa Seck se positionne sans conteste le meilleur challenger de Macky. Bien sûr, il y a Sonko qui séduit et dont le parti connait une grosse vague de massification. D'ailleurs, il va falloir désormais et indéniablement compter avec lui dans les schémas et autres calculs politiques. Seulement pour beaucoup, le leader des Patriotes n'est pas encore à une élection près de sa carrière débutante. Il pourra être «roi» dans un avenir proche, -en 2024 probablement et raisonnablement-, mais actuellement sauf extraordinaire, Sonko sera forcément faiseur de roi.


Tandis que cette fois-ci, il joue sa dernière carte. Paradoxalement, il semble plus confiant qu'en 2012 lorsqu'il se croyait ou voulait convaincre qu'il était "The 4 President". En effet, l'ancien édile de Thiès parait bien plus proche de son but que jamais. Conscient que dans l’hypothèse d’un deuxième tour face à un Macky Sall, détesté et contesté de toute part, il pourrait réussir à réunir toute l’opposition ou son écrasante majorité autour de sa candidature. Parce que le mot d’ordre (tacite bien sûr), c’est «tout sauf Macky en 2019». Pour beaucoup si jamais Macky Sall se retrouvait face à Idy au second tour, le choix serait vite fait, et ce serait en faveur du Thiessois.

Également, Idrissa Seck n’apparaît pas s’alarmer ou s’effrayer de subir les affres de Macky Sall à l’instar de Khalifa Sall, Karim Wade et d’autres opposants aujourd’hui muselés ou certains tenus à carreau par des affaires scandaleuses étouffées exprès pour les contraindre à «transhumer». Il semble exonéré pour l’heure. 



Tout semble par conséquent, se dérouler dans le sens de permettre à Idy d'accéder à la magistrature suprême. Évidemment, il n’est pas le seul candidat opposant méritant, mais les seuls autres supposés capables de lui faire ombrage sont disqualifiés, du moins pour le moment. Le reste de l’opposition étant subdivisé, morcelé en partis éclatés et secoués par des distensions en interne, miné par atermoiements latents autours d’intérêts personnels, de calculs politiciens sur de possibles alliances et coalitions pour un partage futur du pouvoir. Ou alors composé de néophytes en politiques,  sponsorisés par des lobbies extérieurs qui ne sont que friands de toutes ces richesses et ressources minières découvertes au Sénégal.  Beaucoup de points militant en sa faveur, certes. Mais..., parce qu’il y a effectivement un hic, que faire de son passif si récent, toutes ces zones d’ombre sur ses relations avec Wade père et fils, le supposé protocole de Reubeuss, son train de vie… ?



Nonobstant tous ces avantages qui plaident pour Idrissa, l’on se demande si ces atouts sont suffisants pour convaincre et faire oublier son lourd passif dont le protocole de Reubeuss est le plus illustratif ? Idy traine des casseroles et maintient le flou sur son patrimoine etc. Et, il doit des réponses aux populations sur le dossier des chantiers de Thiès même s’il a obtenu un non-lieu sur cette affaire.

En plus, lors de sa dernière sortie diffusée sur la chaine TFM, Idy a révélé sa position sur une des préoccupations majeures du moment, à savoir la question du franc Cfa. Son avis est que : «le système du franc CFA en tant que monnaie a un avantage pour des pays comme le Sénégal». D’aucuns y voient un clin d’œil subtil fait français aujourd’hui perçus comme des «néo-colons», une manière de les rassurer d'une certaine collaboration future d'où découlera un soutien ou une légitimation d’un règne au cas où... ? Sa posture ne rassure pas, ne présage pas une rupture par rapport à ce qu’il se fait actuellement avec Macky Sall qui a remis le pays aux mains des occidentaux.

Aussi, Idrissa a beau mettre de l’eau dans son vin, faire bonne figure,  toujours est-il qu’il laisse percevoir une certaine volonté d’en découdre avec ses adversaires politiques une fois au pouvoir. Beaucoup de comptes à solder. Et, où est l’intérêt du Sénégal dans ces considérations ?

Enfin, attendons que passe la tempête parrainage pour reparler de tout cela.


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